Reproduction de l’éperlan : des «signes encourageants» dans la rivière Trois-Pistoles
La rivière Trois-Pistoles, située à Notre-Dame-des-Neiges, pourrait-elle accueillir de nouveau une frayère à éperlan arc-en-ciel, une trentaine d’années après que l’espèce ait arrêté de s’y reproduire? Marylène Ricard, biologiste au Bureau d’écologie appliquée, estime qu’il est encore trop tôt pour le confirmer, mais concède que des «signes encourageants» permettent d’espérer un tel dénouement.
Au printemps dernier, le Bureau d’écologie appliquée, une coopérative de consultants en écologie, en collaboration avec de nombreux partenaires, a investigué pour valider «la qualité, l’utilisation et la productivité actuelle» de la frayère historique d’éperlan arc-en-ciel de la rivière Trois-Pistoles. Les espoirs étaient modérés, voire faibles, puisqu’aucune preuve de fraie n’y avait été constatée depuis quelques décennies. Or, les démarches ont finalement permis de trouver une dizaine d’œufs, signe – bien que timide – que l’espèce est présente dans la rivière pendant la période de reproduction.
«Depuis de nombreuses années, chaque fois qu’un inventaire était fait, rien n’était trouvé. Cette fois, on voulait faire un effort d’échantillonnage plus important pour tirer ça au clair. Est-ce qu’on a de l’éperlan qui fraie ou non dans cette rivière?», explique Mme Ricard.
«Avec l’inventaire exhaustif qui a été réalisé, on constate qu’il y a un peu d’éperlan qui vient se reproduire, mais que ça demeure encore une très faible production et que ce n’est probablement qu’un début.»
À une certaine époque, la rivière Trois-Pistoles était un lieu de reproduction reconnu de l’éperlan dans l’Est-du-Québec, mais il faut remonter aux années 80 pour y trouver des signes d’activités de fraie. «Les gens pêchent depuis des années sur la banquise à Notre-Dame-des-Neige. Ils pensent que le poisson qu’ils trouvent se reproduit dans la rivière, mais ce n’est pas le cas, du moins pas encore», explique Marylène Ricard, précisant qu’il n’y a pas beaucoup d’informations sur les déplacements des éperlans en hiver, si bien qu’on ne sait pas exactement d’où ils proviennent.
«Est-ce que ce sont des éperlans qui fraient à Rivière-Ouelle? On ne le sait pas, mais on travaille sur un projet pilote afin d’apporter des éléments de réponses.»
RIEN N'EST ACQUIS
La trouvaille d’une dizaine d’œufs d’éperlans au cœur de la rivière Trois-Pistoles est une bonne nouvelle pour l’avenir. Il faut toutefois rester prudent : il est encore tôt pour conclure que l’espèce y est réellement de retour pour s’y reproduire. «Est-ce que c’est épisodique? C’est difficile à dire, puisque le nombre d’œufs est encore trop peu important», nuance Mme Ricard à ce sujet, soulignant que la situation devra être suivie de près.
Les signes demeurent néanmoins encourageants pour la suite. Des analyses sur la qualité de l’eau et une caractérisation des habitats propices pour la fraie, effectuées le printemps dernier, indiquent que le potentiel semble être présent pour la reprise de la reproduction.
«La rivière Trois-Pistoles est quand même en bon état, au niveau de la qualité de l’eau, et la population d’éperlans du sud de l’Estuaire, désignée vulnérable par le passé, n’est plus en déclin», note Marylène Ricard.
«Plus elle se rétablit, plus il y aura des reproducteurs qui vont chercher des frayères. Et plus la population va bien, plus on peut penser que, progressivement, les frayères vont devenir de plus en plus productives», complète-t-elle.
Les raisons qui expliquent pourquoi l’éperlan a fui la rivière Trois-Pistoles une première fois, il y a quelques décennies, restent encore mystérieuses pour les experts. Si on sait que les poissons ont quitté la rivière Boyer, un cours d’eau de la région de Bellechassse qui a déjà abrité la plus importante frayère à éperlan au Québec, en raison de la dégradation de l’eau, c’est moins évident dans les Basques.
Mais c’est aussi pourquoi tout doit être mis en œuvre pour garder des conditions propices à la recolonisation de la frayère et qu’une opération de sensibilisation à la présence de l’éperlan a été organisée samedi dernier au quai de Trois-Pistoles.
«Si on veut l’accélérer, il faut travailler à améliorer la qualité de l’eau dans la rivière. C’est quelque chose qui est de notre ressort. La pêche peut aussi se faire, mais le respect des quotas est important. Si on prélève trop d’éperlans, on enlève des reproducteurs de la circulation», souligne la biologiste.
Au KRTB, on retrouve une frayère à éperlan au sein de la rivière du Loup. Une autre, plus importante, se trouve dans la rivière Ouelle au Kamouraska.
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