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Combattre le cancer à travers le système de santé

durée 9 octobre 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Atteinte d’un cancer de l’ovaire de stade 3 et oubliée à maintes reprises à travers les dédales du système de santé, Cathy Roussel de Trois-Pistoles a eu à se battre pour faire avancer son dossier. Elle veut maintenant lancer un message aux autres femmes, les encourager à faire preuve de vigilance et à talonner les professionnels de la santé pour éviter que d’autres personnes ne se retrouvent dans cette situation.

    Le parcours de Cathy Roussel a pris des allures des Douze travaux d’Astérix à la quête du laissez-passer A-38 dans la maison qui rend fou, cette fois à travers le système de santé. «Je ne veux pas que ça arrive à d’autres personnes. Les filles, vos examens gynécologiques, ne niaisez pas cela. Dès que vous sentez qu’il y a quelque chose de pas normal, dites-le à votre médecin et tenez votre bout. Allez consulter. On connait nos propres capacités», témoigne Cathy Roussel.

    Diagnostiquée avec de la fatigue chronique, Mme Roussel a consulté son médecin puisqu’elle était plus fatiguée qu’à l’habitude. Elle se retrouvait souvent en sueur, avait pris du poids et elle avait des saignements hors de ses périodes de menstruations. Le médecin a mis la faute de ces symptômes sur la pré-ménopause, étant âgée de 54 ans. «J’étais gonflée comme si j’étais enceinte. Du côté de mon médecin, il y a vraiment eu une négligence. Je veux que les médecins et les professionnels de la santé prennent le temps de nous écouter […] Oui je peux paraître tannante, je pose beaucoup de questions. Je ne suis pas tannante, c’est ma vie», ajoute Mme Roussel. Elle ne s’est pas sentie prise au sérieux et bousculée par l’attitude de son médecin.

    Après avoir demandé à un autre médecin de passer des examens plus approfondis et des prises de sang, elle a reçu le coup de fil tant redouté. «J’ai lâché un cri dans la maison. J’ai dit non, pas le cancer […] Je suis allée à la clinique, elle a dit ‘’ on va vous donner des soins de confort’’. C’est comme si j’avais réalisé et pas en même temps. Quand elle m’a dit soins de confort, je ne réalisais pas que c’était la fin. Je suis sortie de là et j’en ai braillé un coup.» Lors de deux interventions distinctes à quelques semaines d’intervalle, on lui a retiré cinq, puis quatre litres de liquide (ascite) accumulés dans son abdomen.

    Lors de la mesure du taux d’antigène tumorale CA 125 par prise de sang, qui se situe habituellement entre 0 à 35, elle a enregistré un pic de 1 785. Ce nombre a été contrôlé par la chimiothérapie. «Quand j’ai vu que mes marqueurs étaient à 50, j’ai appelé à Québec et je me suis informée pour mon opération. L’infirmière a dit que je n’étais pas sur la liste d’attente. Pas m’en être occupée, je serais encore passée sous la table. J’ai appelé pour avoir mon taco aux archives et que ce soit envoyé à Québec […] Je suis opérable, c’est possible de me sauver, vous attendez quoi?», lance-t-elle. Cathy Roussel déplore que son dossier soit tombé entre deux chaises à de nombreuses reprises, alors qu’elle est atteinte d’un cancer de stade 3. Dans le cas du cancer de l’ovaire, on compte quatre stades. Plus ce chiffre est élevé, plus le cancer s’est propagé. Au stade 3, la tumeur s’est développée hors de l’organe d’origine pour migrer vers des tissus voisins. 

    Cette mère de jumeaux âgés de 18 ans veut non seulement se battre contre le cancer des ovaires pour ses enfants, mais aussi pour elle-même. «J’ai tout le temps eu à me battre à travers le système de santé parce que j’étais oubliée. C’est un roman. Je suis une fille qui se renseigne beaucoup et je talonne. Je suis à mes affaires et je ne lâche pas le morceau […] Je comprends qu’il y a la COVID-19, mais elle a le dos large. J’ai recommencé mes traitements. J’ai tout le temps l’épée de Damoclès. Si ça avait été vu avant, j’aurais peut-être eu un cancer de stade 1, on enlève tout et on n’en parle plus.»

    Cathy Roussel continue présentement des traitements de chimiothérapie au Centre hospitalier régional du Grand-Portage. «J’ai perdu mes cheveux, j’enlevais ça avec mes mains. Ça ne me dérangeais pas, moi je veux vivre.» L’équipe médicale a trouvé des métastases sur l’estomac et les poumons qui ont été contrôlées avec les traitements de chimiothérapie. 

    EFFETS COLLATÉRAUX

    En raison du cancer, Cathy Roussel a dû quitter son emploi qu’elle occupait une journée par semaine à la pharmacie Brunet de Trois-Pistoles. Son état de santé lui a amené à voir qui sont ses vrais amis. «Qui reste et qui s’éloigne? C’est certain que ça les affecte aussi […] Quand tu vas à l’hôpital, l’équipe d’oncologie, ce ne sont pas des anges gardiens. Ce sont des vrais professionnels. Je lève mon chapeau à l’équipe d’oncologie de Rivière-du-Loup. C’est quelque chose, c’est une autre famille que tu développes.» Sa famille a aussi vécu les contrecoups de ce diagnostic.

    Immunosupprimée en raison de certains traitements, elle doit porter le masque, mais se faufile dans le décor dans le contexte de la pandémie. Malgré son taux d’énergie plus bas, elle tient à assister aux évènements importants pour ses enfants, comme le bal des finissants ou les examens de conduite de ses fils.

    Cathy Roussel garde une attitude positive et lucide. Elle souhaite maintenant éviter que d’autres personnes atteintes du cancer ne se glissent entre les mailles du filet du système de santé. Ses priorités ont changé, mais son désir de vivre, lui, est inébranlable.

    Les cancers de l’endomètre et des ovaires touchent environ 10 000 femmes au Canada chaque année et sont responsables de plus de 3 000 décès. Selon la Société canadienne du cancer, au pays, la survie nette après cinq ans pour le cancer de l’ovaire est de 45 %, ce qui signifie qu’environ 45 % des femmes ayant reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire survivront au moins cinq ans. Plus de 70 % des cancers de l’ovaire sont diagnostiqués à un stade avancé.

    commentairesCommentaires

    5

    • ML
      Micheline Lepage
      temps Il y a 2 ans
      Vas-y ma Cathy nous somme derrière toi.
      Tu es un exemple à suivre.
    • SR
      Sylvie Rezillo
      temps Il y a 2 ans
      Chère Mme Roussel,
      Je vous admire énormément.
      Vous êtes une battante !!!
      Je suis avec vous de tout mon cœur 💓.
    • LL
      Linda Létourneau
      temps Il y a 2 ans
      Tu es une vraie battante ma Cathy
    • CS
      Charron Suzanne
      temps Il y a 2 ans
      Ma belle Katy tu es une vrai battante , tu ne t’es pas apitoyée sur ton sort et tu a réussi à convaincre tout le monde .C’est un très beau récit et tu mérite de vivre une vie merveilleuse .Bonne chance je t’aime xxx
    • JS
      Jacqueline StAmand
      temps Il y a 2 ans
      Bravo pour ton récit,tu es une personne très inspirante, très déterminée. Je souhaite que la vie soit très généreuse avec toi.Bon courage
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