Une «zone orange» difficile pour les restaurateurs
Même s’ils peuvent toujours accueillir des clients et servir des repas en salle à manger, puisque le Bas-Saint-Laurent est en «zone orange», des restaurateurs de la région remarquent tout de même un ralentissement des affaires. Ils estiment qu'ils auront besoin, au même titre que leurs confrères des zones rouges, d'un dédommagement financier pour traverser la crise.
Richard Fraser, copropriétaire du restaurant Le Saint-Patrice de Rivière-du-Loup, avoue que les deux premières semaines d’octobre n’ont pas été faciles. La clientèle est plus rare, et incidemment, les revenus sont à la baisse.
«Les gens de la région sont derrière nous, mais la pointe de tarte se divisent présentement à travers tous les restaurateurs et à un moment donné, ça vient limité […] En ce moment, c’est quasiment aussi pire d’être orange que d’être rouge», lance-t-il.
Le passage des régions de Montréal et Québec, et les fermetures de leurs bars et restaurants, le 28 septembre, ont eu un impact en Estrie et au Saguenay comme l’a illustré un reportage de La Presse, le16 octobre. C’est aussi vrai au KRTB où la fin de semaine de l’Action de Grâce a été beaucoup plus tranquille qu’à l’habitude. Il faut dire que le gouvernement et la santé publique ont martelé l’importance de «rester à la maison», dans les jours qui ont précédé le long congé.
«C’est la plus grosse fin de semaine du mois d’octobre pour nous. On a fait de la publicité pour attirer la clientèle, mais de son côté, le gouvernement a dit aux gens de rester chez eux… C’est donc très difficile», poursuit l’homme d’affaires.
Pour ajouter au contexte déjà très compliquée, la région de Rivière-du-Loup n’accueille pas, cet automne, les visiteurs étrangers habituellement présents. Là aussi, il y a une incidence sur l’achalandage en restaurant, explique Richard Fraser.
«L’automne, normalement, en septembre, octobre et novembre, les hôtels accueillent des congrès, des colloques, et ça nous apporte des gens dans nos restos. Mais cette année, ce n’est pas la cas. Les touristes européens ne sont pas là, les touristes de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick non plus… On a personne de l’extérieur», déplore-t-il.
«On travaille fort pour aller chercher une part du marché [à Rivière-du-Loup], mais il va falloir du dédommagement pour nous en zone orange, c’est sûr et certain.»
CONTRADICTION
S’ils comprennent aussi l’importance des directives des autorités de santé publique, Daniel Blier de la de la Microbrasserie Le Secret des Dieux et Pascal Gagnon de l’Intercolonial soulignent également que la demande répétée du gouvernement de limiter les déplacements, ces dernières semaines, causent des ennuis chez les restaurateurs et autres gens d’affaires.
«La première semaine, après que le gouvernement ait mis les grandes régions en rouge, on a eu des journées assez ordinaires ici. Cette semaine, c’est un peu mieux, mais ce n’est pas le resto qu’on a connu», illustre M. Blier qui remarque assurément «un ralentissement» des visites.
«On a eu des annulations, note de son côté Pascal Gagnon. Les gens sont craintifs, ils n’osent pas se déplacer. À ce niveau-là, il y a une contradiction dans le message du gouvernement. On nous confirme que nous restons ouverts, que nous sommes sécuritaires, mais on demande aux gens de rester à la maison. C’est sûr que c’est très difficile.»
AIDE DEMANDÉE
Les restaurateurs questionnés sont unanimes : une aide du gouvernement provincial est nécessaire, mais elle le sera encore davantage si la région conserve son niveau d’alerte au-delà du mois d’octobre.
En zone rouge, les bars, restaurants, cinémas et salles de réception, par exemple, ont droit à un programme de subvention qui couvre 80 % de leurs frais fixes, jusqu’à hauteur de 15 000 $, pour le mois d’octobre.
«Actuellement plusieurs restaurants sont fermés en début de semaine, parce qu’il faut couper les dépenses […] Au Saint-Patrice, on a monté un magasin et on prépare un projet pour les partys de Noël… On essaie de trouver des idées, d’être créatifs, mais on va avoir besoin d’aide», souligne Richard Fraser, qui ne cache pas s’inquiéter pour sa main d’œuvre.
«On veut faire travailler notre monde, puisqu’on a une fichu de belle équipe. J’essaie de la garder, mais à quel prix? Une main d’œuvre de qualité en cuisine, c’est rare, c’est précieux, mais on va payer pour la garder…»
La gestion de l’équipe inquiète aussi Daniel Blier. «Est-ce qu’on coupe du staff? C’est un éternel questionnement […] Je pense qu’il y a moyen d’aider les restaurateurs et les autres qui restent ouverts en zone orange», dit-il.
Pascal Gagnon, qui ne cache pas avoir constaté une diminution de son chiffre d’affaires de 35 %, en septembre, à l’Intercolonial, précise être aidé par la subvention salariale du gouvernement fédéral. Il espère maintenant que les élus provinciaux emboiteront le pas pour les entreprises écopées en zone orange.
Surtout, il espère que l’orange du Bas-Saint-Laurent s’estompe rapidement des cartes de santé publique et que le jaune (et ultimement le vert), ramène un sentiment de sécurité auprès de sa clientèle. Non pas pour qu’ils baissent la garde, mais pour qu’ils n’hésitent plus à le visiter.
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