Une saison parsemée de défis pour les campings
La réouverture des terrains de camping du Québec a permis aux propriétaires de pousser un soupir de soulagement. Évidemment, cette nouvelle était attendue depuis déjà quelques semaines, mais elle arrive avec un beau bouquet de défis pour les exploitants.
Nul doute, les amateurs de camping étaient aussi impatients de voir la nouvelle saison prendre son envol. Moins de 24 h après l’annonce officielle de la ministre du Tourisme Caroline Proulx, le 27 mai, le téléphone des terrains de la région ne dérougissait pas.
«Les gens avaient vraiment hâte et nous aussi. Ça faisait plusieurs semaines qu’on attendait la réouverture. Nous avons déjà perdu trois belles fins de semaine pendant lesquelles il faisait très beau, alors nous sommes heureux de pouvoir reprendre nos activités», a expliqué le propriétaire du Camping Lido, Marc Beaudry.
À Saint-Antonin, comme ailleurs, la saison de camping sera tout de même bien différente cette année. Des mesures de sécurité devront être prises. Les habitudes des campeurs ne seront pas les mêmes non plus.
Localisé tout près de l’autoroute 85, le Camping Lido offre normalement une halte privilégiée aux vacanciers qui font la route vers les Maritimes. Or, la fermeture actuelle de la frontière avec le Nouveau-Brunswick, si elle se poursuit, pourrait avoir un impact important sur les projets des voyageurs…et du même coup sur les affaires du camping.
«C’est un immense problème pour nous, puisque les gens de l’Ontario s’arrêtaient souvent ici. Nous étions un arrêt pendant le voyage. Ça leur permettait de couper la route en deux», poursuit M. Beaudry qui estime que cela amputera son chiffre d’affaires de 40 à 50 %.
«Les passants, ça représente environ la moitié de notre chiffre d’affaires. On espère maintenant que les campeurs de la région se présenteront. On compte aussi sur nos 100-110 campeurs saisonniers […] Ce sera une saison bien différente, durant laquelle nous devrons nous adapter.»
CAMPING KOA BAS-SAINT-LAURENT
Au Camping KOA Bas-Saint-Laurent, à Saint-Mathieu-de-Rioux, l’administration se dit elle aussi fébrile à l’idée d’accueillir les premiers campeurs. La planification et la préparation du terrain ont été entamés il y a un bon moment déjà.
«Nous en avons profité pour travailler à l’embellissement du terrain. Nous avons également décidé d’innover pour l’enregistrement des campeurs. On transfère actuellement vers une approche beaucoup plus technologique qui va permettre aux clients de s’enregistrer individuellement dans leur véhicule», explique Annick Lepage, directrice des services administratifs et financiers et responsable des communications.
Le camping ouvrira lui aussi ses portes avec trois semaines après la date prévue. Normalement, à cette période de l’année, les sorties scolaires se multiplient sur le site de villégiature. Les visiteurs étrangers, nombreux en temps normal, sont absents. «Notre clientèle de printemps et d’automne, ce sont des Européens et des Américains, alors c’est aussi pour nous un grand défi à relever de ne pas avoir cette clientèle-là», ajoute-t-elle.
Mme Lepage se réjouit cependant de constater que la bannière KOA pourrait amener une nouvelle clientèle québécoise au Bas-Saint-Laurent. Ceux et celles qui connaissent bien la formule, mais qui optent souvent pour les terrains de la Côte-Est américaine sont tentés de venir visiter.
«On reçoit beaucoup d’appels des habitués des KOA qui profiteront de l’occasion pour venir nous voir. Nous serons bien heureux de les accueillir», confirme Annick Lepage qui ajoute constater également une recrudescence de l’intérêt pour le camping de type saisonnier.
DÉFIS DES CONSIGNES
Que ce soit à Saint-Antonin ou à Saint-Mathieu-de-Rioux, les consignes de sécurité de la santé publique, la distanciation physique de deux mètres et les rassemblements extérieurs limités par exemple, s’appliqueront. La situation force les propriétaires à s’adapter et à prendre des décisions difficiles.
«Il y aura des ajustements à faire, c’est certain, explique Marc Beaudry. À l’accueil, ce sera une personne à la fois et il n’y aura aucune activité à la salle communautaire durant l’été.»
Concernant les blocs sanitaires, le Camping Lido a décidé qu’ils ne seront pas disponibles pour le moment. À Saint-Mathieu-de-Rioux, au moment d'écrire ces lignes, on réfléchissait à la situation très sérieusement.
«Je me demande comment on pourrait fonctionner. Il faudrait mettre un employé à temps plein à l’entrée des toilettes pour s’assurer de désinfecter chaque fois. Je ne vois pas comment c’est possible», témoigne M. Beaudry.
«C’est vraiment un défi particulier et nous sommes à réfléchir sur la meilleure façon d’assurer la sécurité des campeurs», assure de son côté Annick Lepage.
La désinfection des installations sportives et des jeux reste aussi un élément à gérer. Au Camping KOA, on a pris les grands moyens. «Pour les jeux et parcs de loisir, on a acheté des pulvérisateurs avec les produits nécessaires. On a agi rapidement et on a bien fait, puisque c’est aujourd’hui difficile de s’en procurer», explique Mme Lepage.
D’un côté comme de l’autre, on s’attend à une bonne collaboration des campeurs. La saison sera unique à plusieurs points de vue, certes, mais on assure tout de même que le plaisir et la détente seront tout de même au rendez-vous.
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