Des pompiers au poste
Une missive à l’intention du Service de sécurité incendie de Rivière-du-Loup (SSIRDL) se trouvait dans les Publisacs distribués hier matin à Rivière-du-Loup. L’auteur, anonyme, enjoint les pompiers à imiter les policiers et paramédics et à adopter un déploiement stratégique dans leurs heures de garde.
Le directeur du Service de sécurité incendie, Éric Bérubé n’a pas mâché ses mots pour décrire l’initiative. «Lancer un débat sur la place publique de façon anonyme c’est irresponsable et à la limite disgracieux. Le minimum est de signer ses propos», a-t-il lancé.
La publication, publiée en rouge sur fond blanc, titre «Pompiers à vos postes». Elle rappelle que les policiers et paramédics ont adopté le déploiement stratégique de leurs véhicules respectifs sur le territoire dans le but d’augmenter leur efficacité et leur rapidité d’intervention. Mais c’est peut-être sans tenir compte de la réalité des combattants du feu.
«Pourquoi nos autres travailleurs de l’urgence que sont nos pompiers, n’emploient-ils pas la même stratégie ?, précise la missive. Pourquoi, surtout la nuit et les weekends, ne sont-ils pas comme les ambulanciers et les policiers à bord de leurs véhicules bien positionnés, prêts à intervenir ? Pompiers, vous qui avez vraiment la vie et la sécurité des personnes à cœur, À VOS POSTES.»
RÉALITÉ
La réalité des pompiers, a souligné le directeur du SSIRDL, est un peu plus complexe, avec notamment des contraintes logistiques et techniques. «Le déploiement dynamique n’est pas l’idéal lorsqu’il n’y a qu’un petit volume d’appels. La peine n’en vaut pas le profit. Nos véhicules sont énergivores.»
Du point de vue technique, il souligne que les réservoirs d’eau des camions ne sont pas protégés du gel l’hiver et que l’été, les véhicules ne sont pas pourvus de climatisation. «Tu ne peux pas risquer d’arriver avec des réservoirs gelés, des tuyaux gelés. Par souci économique, nos camions ne sont pas équipés de climatisation, nous utilisons nos véhicules pour nous rendre à l’intervention et non pas pour y séjourner.»
De plus, Éric Bérubé souligne qu’il est difficile de prévoir le type d’appels auxquels ils ont à répondre. Ces derniers vont du sauvetage nautique, du sauvetage technique, à l’intervention incendie et d’accident ou encore d’entraide. Évidemment, ce ne sont pas les mêmes équipements qui sont requis.
Toujours sur le thème du déploiement stratégique, M. Bérubé trace un parallèle avec le schéma de couverture de risques. «C’est de répartir les casernes sur tout le territoire et près de sa population. C’est le même débat pour nous à Rivière-du-Loup avec l’emplacement de la nouvelle caserne. On doit être près de l’action.»
Ce dernier souligne aussi un aspect lié à la santé. En ayant un plus petit volume d’appels, les quatre pompiers seraient condamnés à rester assis, immobiles, dans des sièges qui n’ont rien de confortable étant conçus pour un déplacement d’urgence et dont le dossier est conçu afin de recevoir la bonbonne d’oxygène, le tout dans un habitacle réduit.
Rappelons qu’une équipe de garde en caserne est composée de quatre pompiers et d’un officier. Positionner le véhicule dans le parc Cartier pour répondre à appel d’urgence sur la route 185 augmenterait alors le délai d’intervention, contrairement aux policiers qui peuvent disposer de plusieurs véhicules répartis sur le territoire en même temps.
L’aspect psychologique a aussi été abordé. «Je vois très mal quatre pompiers assis à vivre à la longue dans une cabine de camion», lance le directeur du SSIRDL. Rappelons qu’un quart de travail des pompiers de garde de nuit est de 14 heures et de 10 heures pour le jour.
POMPIERS
Les pompiers joints par Info Dimanche ont été unanimes, l’auteur de la missive connait bien mal la réalité de leur métier. «Seigneur, y en a qui ont vraiment de l’argent à dépenser et surtout pour parler d’un sujet qu’ils ne connaissent VRAIMENT RIEN», a réagi l’un d’eux sur Facebook.
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Gilbert Michaud
RDL