La Société d’économie mixte en énergie renouvelable, qui gère l’usine de biométhanisation de Rivière-du-Loup, a décidé de revoir sa tarification à la hausse pour les MRC qui collectent des matières résiduelles. Une facture plus salée que l’on attribue notamment à la faible utilisation du bac brun par les citoyens.
La semaine dernière, lors de la séance du conseil de la MRC des Basques, les élus ont pris connaissance de cette hausse «très importante» des couts qu’ils allaient devoir débourser à la SÉMER pour la prochaine année. Une augmentation d’environ 360 % qui les a fait sursauter pour ainsi dire.
Concrètement, la facture de la Ville de Trois-Pistoles passera de 11 000 $ à 47 000 $, une hausse de 36 000 $, seulement pour le traitement des matières organiques. La nouvelle arrive aussi alors que l’administration municipale finalisait son budget pour 2020.
«Notre conseil de ville est complètement en désaccord avec cette façon de procéder», a tranché le maire Jean-Pierre Rioux lorsque rejoint à ce sujet. «Depuis que nous avons embarqué dans ce projet, chaque année, une petite augmentation des couts s’est présentée et nous n’avons jamais chiqué sur ça. On la mettait dans le budget, on se disait que c’était ok, que c’était normal. Mais aujourd’hui, c’est difficile [à accepter].»
M. Rioux déplore un manque de communication dans ce dossier. «Ces gens-là savaient très bien qu’ils allaient devoir imposer une augmentation très salée aux utilisateurs que nous sommes. Ce qui est froissant, c’est qu’ils nous ont remis une feuille et ils nous ont dit "tenez, gobez les couleuvres", sans définir davantage», image-t-il, ajoutant que «la moindre des choses, quand tu fais des affaires, c’est de prendre soin de ceux qui te fournissent la matière première.»
EXPLICATIONS
Depuis l’ouverture de l’usine de biométhanisation, les MRC participantes recevaient une facture selon la tonne de matières qu’elles envoyaient. Mais à partir de l’an prochain, les couts seront comptabilisés selon le nombre d'habitants.
Le président de la SÉMER, Michel Lagacé, confirme ainsi que la tarification sera en moyenne de 14 $ par habitant, ce qui représente environ 0,27 $ par citoyen chaque semaine. Il explique la situation par un manque important de matières envoyées vers la SÉMER. Les résultats sont en deça des attentes.
«La problématique qui est rencontrée, c’est qu’il y a environ 70 à 75 % des matières putrescibles, selon le territoire, qui se retrouve au lieu d’enfouissement technique plutôt qu’à l’usine de biométhanisation», souligne-t-il.
«Quand le plan d’affaires [de la SÉMER] a été fait et révisé, on s’attendait à ce qu’il y ait l’équivalent de 1,2 M$ de revenus en droits d’entrée pour ce qui est des matières organiques municipales. Dans les faits, on est à environ 25 % - 30 % de cela», poursuit-il.
M. Lagacé regrette qu’on enfouisse notre argent lorsque les matières prennent la direction du lieu d’enfouissement technique plutôt que la SÉMER. C'est sans parler de l'impact environnemental. «Nous avions un tarif plus bas que l’enfouissement en pensant que cette tarification allait amener de l’enthousiasme auprès des populations […] Dans les 4 dernières années, nous avons fait preuve de patience en nous disant que les gens allaient être au rendez-vous et que la quantité de matière allait augmenter. Mais ce n’est pas le cas.»
En exemple, Michel Lagacé note que la région des Basques récupère environ 300 tonnes métriques de matières organiques sur un potentiel d’environ 1500. «Ils paient donc pour enfouir l’équivalent de 1200 tonnes. S’ils récupéraient 100 % du tonnage en lien avec les matières putrescibles et que cela était envoyé à la SÉMER, ça leur couterait moins cher et ils bénéficieraient même d’une redevance de la part du gouvernement, donc un cout net encore moins.»
RÉFLEXION
Questionné sur cette «responsabilité citoyenne», Jean-Pierre Rioux analyse que la SÉMER a peut-être fait des «projections trop fortes par rapport à la réalité». Il ajoute une réflexion intéressante selon laquelle la SÉMER a certes donné la chance aux citoyens de participer ces dernières années, mais elle leur a aussi donné l’opportunité de ne pas embarquer, en quelque sorte, dans le projet.
C’est pourquoi il propose d’être plus sérieux. «J’aimerais qu’on mette des puces électroniques à chacun des bacs bruns, ils en ont déjà, et à chacun des bacs pour les déchets, puis on trouve une façon de faire payer ceux qui ne récupèrent pas», dit-il. «Il faut trouver une solution pour régler le problème.»
Rappelons qu’en 2022, l’ensemble des municipalités du Québec ne pourront plus enfouir les matières putrescibles.