Lettre ouverte
Le cri du cœur de Guy Sénéchal
La lettre ouverte de Guy Sénéchal intitulée «Je ne vois plus ma femme» a fait le tour de la province depuis le 15 février dernier. Le Louperivois y va d’un coup de gueule, un véritable cri du coeur… au nom de sa conjointe Annik Ouellet.
Infirmière depuis 20 ans, mère de quatre enfants âgés de 12 à 19 ans, Annik Ouellet n’a pourtant jamais été aussi surchargée. Ce sont les effets de cette surcharge que dénonce son conjoint dans une missive envoyée dans les grands quotidiens de la province.
Horaire de nuit pouvant s’étirer sur neuf nuits consécutives, des quarts de travail qui s’étirent jusqu’à 16 h de service, culpabilité de s’absenter en sachant qu’on surchargera une collègue, l’incapacité de connaitre l’heure de retour à la maison, la conciliation travail-famille est à des lieux de la réalité de la famille Sénéchal-Ouellet.
«C’est impossible de prévoir, d’organiser des sorties familiales, même avec la semaine de relâche. Qui sait si Annik sera de retour ? Du ski, oui, mais c’est moi qui devrai les accompagner les enfants», souligne Guy Sénéchal.
Les heures supplémentaires, la famille les imputent au manque de personnel. Une crise qui perdure depuis la réforme de la santé par Pauline Marois, alors ministre sous le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard. À l’époque, pas moins de 4 000 infirmières étaient parties à la retraite grâce au programme mis en place.
Au-delà de la pénurie d’infirmières, c’est surtout le nombre de postes disponibles dans le réseau de la santé en région, contrairement aux grands centres, que pointe le couple. Une situation qui favorise l’exode des jeunes infirmières vers les grandes villes où de meilleurs postes sont offerts.
«En région on offre des postes à temps partiel de 4 jours garantis sur 28 par mois. Comment voulez-vous boucler un budget, c’est ridicule ! Qu’on offre 4 jours par semaine, on vient doubler les effectifs et on décharge les infirmières surtaxées par le travail. Et pour ces jeunes infirmières, c’est économiquement viable», propose Guy Sénéchal.
LETTRE
«Le but de la lettre était de m’exprimer sur notre réalité, sur tout ça. J’avais besoin de parler, de le dire, mais je ne croyais pas que j’allais soulever l’opinion des gens à ce point», admet Guy Sénéchal.
Toutefois, l’homme de 43 ans se questionne sur l’impact réel de sa lettre, et malgré sa large médiatisation, à savoir si elle se rendra aux oreilles du principal intéressé, le ministre Gaétan Barette.
«J’ai l’impression qu’ils ont de la difficulté à entendre la population, on aimerait que les ministres descendent de leur piédestal pour nous écouter. Nous ne sommes pas une organisation ou un lobby, juste du vrai monde qui aimerait être entendu.»
D’ici à ce que le message se rende aux politiciens, Guy Sénéchal se désole de devoir vivre des moments importants sans sa complice. De son côté, Annik Ouellet sera en poste cette nuit, dévouée et encore une fois, sans savoir à quelle heure elle pourra retrouver les siens.
8 commentaires
tu as toujours été un grand coeur !
Vous devez dénoncer cet état de chose, ce n'est pas humain envers les personnes qui se dévouent.
Bon chance.
Comme on dit, si vous n'aimez pas, changez de job svp.
Quand on devient infirmier/re, on doit s'atttendre a des horaires décousus.
Quand on choisi notre future formation, on a 17 ans... Et il y a 20 ans, la situation actuelle de pénurie, de TS obligatoire, ben c'était autre chose. Il n'y avait pas plus de permanence, mais peut-être plus de candidates à l'exercice de la profession d'infirmière. Il s'agit ici d'une profession, d'une vocation. Je ne suis pas infirmière, mais pour travailler dans ce réseau de puis une vingtaine d'années, j'ai vu tous les changements, toutes les réformes, des filles devant rester en supp obligatoire pleurer parce que personne n'irait chercher les enfants à la garderie... Si les horaires étaient mieux gérées, si on voyait plus loin que demain, cette profession retrouverait ses lettres de noblesse.