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Entre adoption et euthanasie, le dilemme de Rivière-du-Loup

durée 16 décembre 2016 | 06h58
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Guerre ouverte sur les réseaux sociaux concernant le mécontentement à l’égard de la fourrière de Rivière-du-Loup. Le directeur du service incendie Éric Bérubé a qualifié de «propagande haineuse», les publications de la page Adoptions félines Bas-St-Laurent, par la voix de Daisy Boucher-Lafrance, qui relaie les informations des animaux à adopter à la fourrière sur un ton alarmiste. La situation, pourtant, est beaucoup plus nuancée.

    Cela fait maintenant cinq ans qu’un projet de Société protectrice des animaux (SPA) est dans l’air, à la Ville de Rivière-du-Loup.Depuis 2015, cependant, les négociations sont au point mort, c’est le silence radio tant du côté de la Ville que du conseild’administration de la future SPA. En attendant, les animaux abandonnés ou trouvés sont pris en charge par le Service de sécurité incendie de la Ville de Rivière-du-Loup.

    «Par la règlementation, nous avons l’obligation d’avoir un service de fourrière. Nous ne sommes pas un refuge, on s’occupe de ces animaux en attendant de trouver à qui ils appartiennent, ou de les placer dans une nouvelle famille. À la fourrière, la dernière chose que nous voulons, c’est les euthanasier», soutient le directeur du Service de sécurité incendie de la Ville de Rivière-du-Loup, Éric Bérubé.

    SOINS

    Le personnel de la fourrière s’assure que les animaux recueillis sont sains. Dans le cas contraire, un vétérinaire travaillant à contrat en collaboration avec la Ville les prend sous son toit. C’est Heidie Pomerleau, propriétaire de l’Hôpital vétérinaire de Rivière-du-Loup, qui en plus de s’occuper des animaux n’ayant pas eu de chance, prend en charge l’euthanasie, lorsque nécessaire. «Dernièrement, j’ai travaillé sur un dossier de possible maltraitance, on a traité un petit chien.

    L’animal était très craintif. On l’a soigné avant qu’il puisse être intégré dans une nouvelle famille d’accueil. On l’a avertie qu’il peut être méfiant, et on assure un suivi», explique Mme Pomerleau. Une liste d’attente de familles intéressées à adopter des chiens est tenue par la fourrière. Éric Bérubé est clair, le cout d’une euthanasie est beaucoup plus élevé que l’adoption. «On se demande jusqu’où on dépense l’argent des contribuables, l’euthanasie n’est rien d’autre qu’un frais, et c’est beaucoup plus humain de les placer», soutient-t-il. Les animaux trouvés sont conservés pendant trois jours dans l’espoir de retrouver leurs propriétaires. Lorsque ce délai est dépassé, ils sont offerts en adoption, et parfois, euthanasiés.

    BUDGET

    La fourrière compte cette année sur un budget de 23 475$, comprenant le salaire d’un préposé, 2 000$ pour la publicité et l’information, 1 000$ de services professionnels de vétérinaire, 500 $ d’entretien du bâtiment et 1 300$ pour l’achat de nourriture et de fournitures destinées aux animaux. En 2015, le budget alloué à la fourrière était de 22 500$. Une page Facebook a été créée par la fourrière de Rivière-du-Loup pour communiquer l’adoption d’animaux.

    EN CHIFFRES

    En 2015, on dénombrait 14 euthanasies sur 100 animaux, tous des chats. Ce nombre s’élevait à 34 en 2014. Selon la vétérinaire Heidie Pomerleau, cette baisse s’explique par un important réseau de bénévoles qui s’est mis en place au cours des deux dernières années. Ils emmènent les chats non adoptés dans les SPA des grands centres à leurs frais, où plus de services sont offerts, et où plus de familles sont disponibles. Certains prennent les animaux sous leur aile de leur propre chef et s’occupent des démarches d’adoption. Sur 388 chats qui ont abouti à la fourrière au cours des cinq dernières années, 49 % d’entre eux ont été euthanasiés, contre 42 % adoptés. Les 9 % restants ont été remis à leurs propriétaires. La problématique touche surtout les chats, puisque selon M. Bérubé, il est plus facile de trouver des familles pour des chiens. À noter que certains félins sont euthanasiés lorsqu’ils sont trop agressifs, gravement blessés ou malades. Au cours des cinq dernières années, sur 259 chiens accueillis à la fourrière, 3 % ont été euthanasiés, 24% ont été mis en adoption, et 73 % ont retrouvé leurs propriétaires. Le bâtiment où sont gardés les animaux est chauffé, nettoyé, et fait environ 4 par 6 mètres de dimension. À sa capacité maximale il pourrait accueillir trois chats adultes et trois chiens. Le MAPAQ visite annuellement les installations de la Ville, et cette dernière confirme n’avoir reçu aucun blâme. «Si le projet SPA se concrétise, nous allons être les premiers heureux», assure M. Bérubé.

    PLAINTES

    De nombreuses plaintes ont été déposées par des citoyens pour dénoncer le manque de services reliés aux animaux sur le territoire. Daisy Boucher-Lafrance possédait un refuge pour chats dans sa résidence à L’Isle-Verte, qui a fermé ses portes en décembre 2013. Elle conserve sa page, Adoptions félines Bas-Saint-Laurent, active afin de diffuser les animaux

    à adopter, et de continuer de faire de la sensibilisation. Fréquemment, Mme Boucher-Lafrance encourage les internautes à envoyer des plaintes à la fourrière de Rivière-du-Loup pour manifester leur mécontentement à l’égard du service offert par la Ville. Pour elle, près de 200 euthanasies sur 5 ans est un nombre inacceptable et prouve qu’un organisme doit prendre en charge les animaux de la région. «Ce n’est pas une campagne de salissage à l’endroit de la Ville, on a besoin d’une SPA. On est chanceux d’avoir une fourrière à Rivière-du-Loup, mais il faut que ça bouge, ça fait cinq ans qu’on attend ce projet», complète-t-elle.

    Mme Boucher-Lafrance souligne qu’il faut faire la différence entre une fourrière et un refuge, qui n’ont pas la même mission. Elle souhaite que les fourrières au Québec disparaissent, au profit d’organismes comme une SPA, afin que les animaux soient pris en charge dans les meilleures conditions possibles. Quant à Éric Bérubé, la création d’une SPA serait pour le mieux. Ce dernier déplore le ton alarmiste employé par la page Adoptions félines Bas-Saint-Laurent qui donne une image négative d’un service qui fonctionne à livre ouvert.

     

    À LIRE AUSSI : 

      >> Une Société protectrice des animaux à Rivière-du-Loup, un projet de longue haleine

      >> La stérilisation, une solution

     

    commentairesCommentaires

    1

    • B
      Bénévole
      temps Il y a 7 ans
      Je fais partie d'une réseau de bénévoles qui sort des animaux de la fourrière de Rivière-du-Loup. Souvent, le sexe des animaux affichés est erroné. J'ai déjà sorti un minou de la fourrière de justesse, et j'ai constaté que c'était un mâle et non une femelle. J'ai passé une annonce avec cette nouvelle information, et la famille de l'animal s'est manifestée aussitôt!

      De plus, 6 jours pour sauver la vie d'un animal, c'est vraiment peu! En principe, l'adoption d'un animal doit être un acte réfléchi!

      Enfin, il n'y a pas assez de publicité au sujet de la fourrière de Rivière-du-Loup. Quand un propriétaire apprend que son animal se trouve à la fourrière,il arrive que son chat ait déjà été tué! C'est une situation vraiment regrettable.
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