L’Isle-Verte – Depuis des années que le bar L’Émotion est inopérant. Sis au milieu de nulle part, bordant la route 132 à L’Isle-Verte, ce bar de danseuses était très fréquenté à la belle époque. Laissé à l’abandon, il est dans un état avancé de délabrement tel qu’on pourrait le comparer à une maison hantée, avec ses fenêtres brisées, ses portes arrachées. Y pénètre qui le veut quand il le veut.

Personne n’est en mesure de dire ce qu'il adviendra de ce bâtiment. Son unique propriétaire, Francis Pelletier, qui l’avait acheté de Harold et Stéphane Michaud en 2007, est décédé avant même de pouvoir le remettre en opération. La municipalité de L’Isle-Verte n’en perçoit plus de taxes depuis 2010. Le dossier est entre les mains de Roy, Métivier, Roberge, Syndics, de Québec. 

Des citoyens du voisinage se sentent de moins en moins en sécurité en raison d’actes de vandalisme perpétrés non seulement dans cette bâtisse inoccupée mais aussi sur leurs propriétés.  Au conseil municipal de L'Isle-Verte, on souhaite aussi la disparition du  bar l'Émotion, de ce qu’il en reste, mais c’est loin d’être simple. Il est très difficile en ce moment de trouver une solution au problème. Le conseiller Yves Côté indique que le dossier se trouve dans un vide juridique. « La succession de M. Pelletier n’en veut pas, pas plus que le syndic. Nous aimerions que le gouvernement reprenne cette propriété et qu’elle la cède par la suite à la municipalité. »

Mais tous les scénarios envisagés ne peuvent se réaliser sans déboursés appréciables. Pour démolir cette bâtisse, il faudrait acheter le terrain, ce qui entraînerait des coûts évalués à plusieurs dizaines de milliers de dollars, estime M. Côté qui parle de montants pouvant varier de 45 000 $ à 50 000 $.

L'Émotion procure depuis un an le genre d’émotions dont le conseil municipal de L’Isle-Verte se passerait volontiers. Cet immeuble est toujours propriété d’une entité morale (compagnie) dont la gestion est, pour le moment, inexistante en raison du décès de son seul et unique actionnaire.

Comme l’indiquent les représentants légaux, cette propriété peut demeurer le bien de cette entité morale des années encore, sans que rien n’évolue. Actuellement quelques options s’offrent à la municipalité : ordonnance de la cour qui permettrait la démolition aux frais des citoyens ; jugement et hypothèque légale sur le terrain et le bâtiment, la municipalité devenant par conséquent propriétaire de l’ensemble du site ; mise en vente de la propriété pour taxes impayées…

Dans tous ces cas, il faut considérer que ces démarches entraîneraient des frais légaux qui devraient être assumés les citoyens. Étant en territoire agricole, des contraintes limitent énormément les usages permis du site.  Cet aspect fait partie des préoccupations actuelles et la Commission de protection du territoire agricole du Québec  (CPTAQ) en a été sensibilisée.
Après discussions avec le syndic ayant pris charge des biens personnels de l’ancien propriétaire en vertu de la loi sur les faillites, cette propriété n’a pas été incluse dans le processus de faillite du fait qu’elle appartient à une personne morale indépendante de ses actionnaires. 

À L’Isle-Verte, on est conscient que l’allure de cet immeuble ternit l’image de la municipalité qui n’entend pas agir aux dépens des citoyens, payeurs de taxes, sans au préalable s’être assuré de les avoir consultés.