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La Page blanche...

durée 9 novembre 2017 | 05h12

La Page blanche...

Pas facile de recommencer après un long congé.  Moi qui écris depuis toujours, j'ai rarement senti ce malaise bizarre qu'on appelle « le syndrôme de la page blanche ».  D'habitude j'écris un mot, puis une phrase, puis tout s'enchaîne...  avec plus ou moins de bonheur.

Mais là, ce soir, j'ai l'impression que mon crayon pèse une tonne.  Ce ne sont pas les sujets qui manquent :  les élections, le changement d'heure, l'hiver inéluctable, les pneus à neige, le Père Noël...  Mais rien ne vient, chacune de mes idées me semble banale, inutile, futile.  La gomme à effacer travaille plus que la mine de plomb.

Dire qu'il me faudra encore taper toutes ces absences de choses, jouer du clavier comme un pianiste qui ne trouve pas sa mélodie...

Mais voici que des mots apparaissent :  il est question de marche, de montagne...  Se pourrait-il que finalement cette page ne reste pas blanche?

...et La Montagne


Je marche vers la montagne depuis un bout de temps.  J'ai deux jambes solides, toute la force de mes trente ans, un sac à dos plein de nourriture et de gadgets de randonneur.  Je marche dans la montagne, pas trop vite, ménageant mon souffle, comme un coureur de fond.  Le sommet n'est plus loin.  Je suis un vague sentier, à peine une piste dans les broussailles et la rocaille.

Photo : François Drouin

Et puis, passé un bosquet plus fourni d'épinettes et de sapins, soudain, j'arrive face à un mur.  Une paroi abrupte.  Or je ne suis pas alpiniste, juste grimpeur.  Je m'éloigne un peu vers la gauche, puis vers la droite.  Il n'y a pas de faille dans la paroi.

Je m'assied dos au mur, je détache mon sac à dos et je mange un œuf dur, une barre énergétique, une banane.  Je bois à ma gourde.  Il ne me reste plus qu'à redescendre.  Je suis déçu.  Mais rien ne presse :  le soleil est encore haut.  Je pourrais dormir un peu.  Je dors un peu.  Et je rêve.

Je rêve que je marche péniblement dans un long corridor.  Il me faut une canne pour assurer mon équilibre.  L'un de mes genoux est couvert d'un long pansement.  Mon autre genou fait des bruits d'engrenage mal ajusté.  Je suis faible.  Je n'ai pas faim.

Je ne sais plus où est le rêve.  Je sais que j'ai gravi une montagne, mais que mon ascension est terminée.  Je vais dormir un peu, puis redescendre.  Et je retrouverai le plat pays, et je marcherai de nouveau sur deux jambes.  Et je laisserai le soleil jouer sur ma peau, et je jouerai dans le soleil comme un enfant qui danse avec un papillon.

 

commentairesCommentaires

5

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  • MT
    M. Thériault
    temps Il y a 6 ans
    Ouin, pour une page qui était partie pour rester blanche l’inspiration est passée par là!
    D’après ce que je peux voir, ça été comme d’habitude et le tout s’est enchaîné comme avant, car c’est encore un beau texte. J’ai particulièrement aimé la transition entre le rêve et la réalité… Bon retour à vous.
    Et pour les énigmes de la semaine dernière, j’ai donné les réponses hier.
  • MT
    M. Thériault
    temps Il y a 6 ans
    Je serais bien curieuse de savoir.... L'énigme de Passe Partout était-elle si difficile? D'habitude Annie, celles qui sont dans ce genre-là c'est toi qui les trouve.
  • A
    Annie
    temps Il y a 6 ans
    @M. Thériault: Comme d'habitude, j'ai bloqué sur un mot. Je ne "voyais" pas le ber mais je bloquais avec le lit. De plus, comme je suis trop vieille pour être de la génération Passe-partout, bien, ... bref! Vous m'avez bien eue. Par contre, pour ma défense, je dois dire que j'avais le GO! (Vive le Monopoly!)
  • MD
    Madeleine D.
    temps Il y a 6 ans
    Richard! J'aimerais bien avoir ce syndrome de la page blanche comme tu l'as ressentie si ça me permettait d'écrire comme tu le fais! Bon retour!
  • R
    Richard
    temps Il y a 6 ans
    Merci, M. Thériault et Madeleine D. J'espère qu'il reste de l'encre dans mon stylo...
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