L’angle parfait

Ma mère est la meilleure là-dedans : il y a un quizz à la télé et elle répond à toutes les questions sans faire d’erreur. Elle se tourne vers moi et elle dit : si je vais là, moi je gagne c’est sûr.

Quand j’enseigne le français langue étrangère, le principal défi est de les faire prononcer correctement les mots. Je demande, disons : vous, pouvez-vous prononcer souhaiter?

Sou-ha-i-tère.

Presque. On recommence : sou-hai-ter.

Il hésite, essaie de regarder dans sa tête avec des yeux qui roulent vers le haut puis, là, son voisin en diagonal derrière lui souffle : sou-wè-té. Il a presque un accent de Gros-Cacouna.

C’est maintenant son tour. Vous, pouvez-vous dire bateau?

Ba-ta-l-eau.

Presque. Il n’y a pas de l en fait. E, a, et u ensemble ça fait le son o. Ba-to.

Encore.

Ba-t-a-o.

Pourquoi il était si bon avec souhaiter et maintenant il est incapable de dire bateau?

 

Ça aiguise la scie à patience. Comme ceux qui critiquent les gens au pouvoir. Parfois, on sent que leur scie serait bonne pour un affutage.

Pourquoi le maire a fait ça? Pourquoi le premier ministre a dit ça et pas ça! Moi j’aurais fait ça à sa place.

Pourquoi ces gars-là ont fini par devenir animateurs à la radio? Avec autant d’idées, moi je me présenterais…

Question d’angle.

Je pense que c’est pour ça que les politiciens ont des conseillers. De la diago, on voit mieux.

En tout cas si c’était moi qui gérais ce restaurant, ça roulerait.

Allez, on lui en donne un juste pour voir.

Pourquoi les gens qui n’ont pas le pouvoir savent ce qui est bien pour le gouvernement et, une fois qu’ils sont élus, on a l’impression qu’ils ont tout perdu de leur génie?