Sûreté du Québec: la résolution est adoptée
Une séance du conseil qui s’est tenue devant une salle bondée, mais majoritairement résignée. Une poignée de citoyens se sont présentés face aux élus municipaux. Le temps d'une question, et surtout, le temps de manifester un désaccord, toujours sous les applaudissements de la foule.
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Ainsi, s’il faut en croire le peu d’opposition manifesté lors de la séance du conseil, le maire Michel Morin et le conseil municipal avaient toute légitimité d’effectuer une telle demande au ministre de Sécurité publique. Mais pour la conseillère Sylvie Vignet, qui s’est opposée à l’adoption, c’est avant tout une question de principe démocratique.
La conseillère du district de la Plaine, Sylvie Vignet.
Photo : François Drouin
« Je crois sincèrement que les gens sont capables de donner leur opinion là-dessus. C’est leur quotidien et c’est à la base de toute démocratie », a commenté la conseillère du district de la Plaine. Avec aplomb, elle n’a pas hésité à se dire profondément inconfortable avec cette démarche. « Il n’y a pas d’obligation légale de consulter la population, mais moi j’en ai une qui est d’ordre moral. »
Sans aller jusqu’à prétendre qu’il en va de la légitimité de la démarche, cette « entendue citoyenne » manquante lui aura interdit d’adhérer à la proposition adoptée à cinq contre un.
Michel Morin
Le maire Michel Morin est catégorique. Selon lui, les Louperivois approuvent en grande majorité le transfert des policiers municipaux à la Sûreté du Québec. Toutefois, il reconnaît qu'une portion de la population s'y oppose, mais il la considère comme marginale.
Michel Morin s'est montré convaincu et a réaffirmé qu'une signature de registres entrainerait d'importantes dépenses.
Photo : François Drouin
« J'ai la conviction que c'est la majorité, et la majorité est silencieuse. Le signal est très clair », soutient-il. Maintenant que la résolution est adoptée, le ministre doit transmettre à la SQ cette demande qui lui retournera un projet d'entente finale. La MRC devra entériner cette entente qui recevra ensuite l'approbation du ministre.
Selon le maire Morin, c'est qu'une question de semaines ou de mois avant que cette procédure ne soit complétée. Il reconnait d'emblée qu'il s'agit d'une importante décision, et qu'il en assume sa part de responsabilité. « Il y a les dépenses et les revenus, on travaille fort pour augmenter les revenus si on parle du projet éolien. On parle de 400 à 500 000$, mais en 2014, je bâtis pour le suivant », affirme Michel Morin.
Registre
Si plusieurs lui reprochent sa façon de faire, Michel Morin balaie du revers de la main les arguments en faveur d'une signature du registre. « On a passé des mois et des heures à analyser ces éléments-là. C'est pour ça que nous sommes élus. La population n'a pas ce temps-là de prendre l'ensemble des informations. Si j'avais été convaincu que la population avait pu faire cet exercice-là, comme nous autres, j'aurais pu envisager des modes de consultations, mais ce n'est pas le cas. »
Le maire considère qu'un référendum c'est avant toute chose une tribune pour les opposants. « Le processus est compliqué. Cinq cents personnes signent le registre, ça coute 6 à 7 000 $ et le référendum lui en coute 100 000 $. Un camp du oui, du non... S'il y avait eu des milliers de personnes qui s'étaient manifestées, j'aurais eu un regard différent », promet Michel Morin.
Les opposants
Les opposants qui étaient présents dans la salle du conseil ont eu tôt fait de constater que les dés étaient jetés. La poignée d'entres eux qui se sont avancés au micro, n'avait que peu de questions pour le conseil, tout au plus une opinion.
Photo : François Drouin
À la période des questions, une citoyenne s'est avancée au micro. « Dites-moi, combien de policiers de la Sûreté du Québec étaient en fonction le jour de Noël 2010 sur le territoire de la MRC. Si vous êtes capables d'y répondre, moi oui, mais je ne vous le dirai pas ce soir. J'aime mieux que vous fassiez votre enquête, c'est votre devoir. »
Photo : François Drouin
Francine Viel de St-Ludger s'est adressée à Amélie Dionne et Mario Landry, deux conseillers qui ont fait mention des notions de respect lors de leur allocution pour leur dire « Je pense que de votre part, de ne pas nous consulter, c'est un manque de respect. » Une intervention saluée par de chauds applaudissements.
Les conseillers
Gaétan St-Pierre a tenu à souligner qu'il s'agissait de l'une des décisions les plus difficiles qu'il ait eu à prendre dans sa vie. Le conseiller du district de l'Estuaire s'est remémoré les jours plus anciens du service de police municipale avant de s'en remettre à la raison. « Mon coeur me disait non, mais un moment donné ma tête, il a fallu qu'elle regarde le gros bon sens, l'écart financier qui s'élargit d'année en année... »
Le conseiller du district de l'Estuaire, Gaétan St-Pierre.
Photo : François Drouin
Victime de railleries à quelques reprises, M. St-Pierre a laissé sous-entendre que les fameux défibrillateurs cardiaques pourraient être repris par la Sûreté du Québec. Une affirmation qui a soulevé l'ire de certains, déjà convaincus, et avec justesse, du contraire.
Selon nos propres informations, il est déjà acquis que la Sûreté du Québec n'autorisera pas ses patrouilleurs louperivois à conserver ces équipements dans ses véhicules. En ce sens, le maire Morin a déjà soulevé l'hypothèse de remettre ces défibrillateurs au Service incendie. À l'instar du Centre Premier Tech, différents établissements à être ciblés pourraient aussi se voir dotés de ces équipements.
La conseillère du district de la Rivière, Amélie Dionne.
Photo : François Drouin
La conseillère Amélie Dionne a joué la carte de l'humain, tant du policier que du conseiller. Elle a rappelé que les élus avaient le devoir de gérer pour tous les citoyens de la Ville, y incluant les policiers. « Il ne se passe pas une seule journée sans que nos décisions ne soient prises dans le seul et unique intérêt de ceux qui nous ont élus. » Mme Dionne a aussi rappelé que Rivière-du-Loup est la seule ville au Bas-Saint-Laurent à disposer d'un corps de police municipal.
« Si quelqu'un d'entre vous ici ce soir est capable d'aller vendre à 40 % de la population de Rivière-du-Loup qui représente les 65 ans et plus et qui vivent d'un revenu de pension et retraite qui n'est même pas bonifié de 2 % par année, que maintenant et seulement pour cette année ils verront leur qualité de vie diminuer, car ils auront à payer plus cher leurs comptes de taxes pour conserver leur corps de police municipale sans aucun service supplémentaire? Et bien, allez-y, parce que moi, je ne suis pas capable », a lancé la conseillère du district de la Rivière.
Photo : François Drouin
Le conseiller du district de Fraserville, Jacques Minville, a tenu à rappeler qu'il ne s'agit pas d'une décision prise sur un coup de tête. « Depuis le mois d'avril qu'on y travaille. Il y a trois choses dans le transfert, les négociations avec le syndicat, la subvention du gouvernement du Québec qui ne s'applique qu'avec la SQ, et le fond de pension avec ce qui se passe dans le monde, pensons à la FF Soucy, ça s'en vient aussi dans la fonction publique. »
M. Minville s'est dit satisfait des représentations et échanges avec la Sûreté du Québec. Ancien résident de Rimouski, le conseiller a soutenu avoir bien vécu la transition par laquelle la Ville est passée. « Vous êtes bien le seul », lui a lancé un citoyen.
Le conseiller du district de la Pointe, Mario Landry.
Photo : François Drouin
De son côté, Mario Landry, conseiller du district de la Pointe, a tenu à mentionner que s'il y avait eu des attaques personnelles, de tous les gens rencontrés, deux seulement s'étaient opposés à la proposition. Il a rappelé son implication aux ressources humaines et a soutenu qu'en dehors de quelques policiers pénalisés, « la plupart seront gagnants. »
Selon M. Landry, le conseiller qui aura été le plus succinct lors de son intervention, il s'agit avant tout d'une décision administrative, plutôt qu'émotive.
Réaction
Le candidat dans le district de Saint-Patrice, Daniel Vocelle a vivement réagit par voie de communiqué et demande même la démission du maire Michel Morin. infodimanche.com recopie ici le texte dans son intégralité.
Suite au refus ce soir de consulter la population avec une ouverture de registre pour le transfère de la Sureté municipale de Rivière-du-Loup à la Sureté du Québec, et suite également au comportement des conseillers municipaux de Rivière-du-Loup et aux déclarations du Maire Michel Morin à différentes versions de séances d'informations, je réitère la demande de démission du Maire Morin. Aussi je vais demander dans les prochains jours, une enquête du ministère des Affaires municipales sur ce dossier qui me parait très questionnable.
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