Semaine de la canne blanche
Circuler en ville, le défi quotidien des personnes handicapées visuelles
Traverser des passages piétonniers peut parfois s’avérer périlleux. Le faire de manière autonome en ayant un handicap visuel tient presque de l’exploit. C’est pourquoi à l’occasion de la Semaine de la canne blanche, trois agents de la Sûreté du Québec ont accompagné Huguette Vigneau et Marjolaine Lafond de l’Association des personnes handicapées visuelles du Bas-Saint-Laurent pour sensibiliser les automobilistes louperivois à cette réalité.
Postés à la traverse piétonnière située en face du commerce Jean Coutu sur la rue Lafontaine, les agents de la SQ ainsi que les deux dames ont distribué de la documentation et ont échangé sur les règles à respecter pour faciliter cette cohabitation.
«Il faut rappeler l’importance du respect du Code de la sécurité routière. Il y a des automobilistes qui passent parfois sur des lumières jaunes ou rouges. Le piéton qui a un handicap visuel se fie sur l’indication sonore des feux de circulation et entend les sons des voitures. Il doit se fier que les autres vont respecter le Code et être toute ouïe», affirme Huguette Vigneau, directrice de l’Association des personnes handicapées visuelles du Bas-Saint-Laurent depuis 1995. Le niveau de stress peut parfois être très élevé pour ces personnes qui ne se fient presque seulement qu’à leur ouïe pour s’orienter seules. «Les personnes ayant une déficience visuelle n’ont pas toutes une canne blanche. La perte de vision n’a pas besoin d’être grande pour être handicapante», ajoute Mme Vigneau.
Pour ses détenteurs, la canne blanche peut parfois être utilisée pour signifier une intention de traverser à une intersection, mais encore faut-il que les conducteurs soient aux aguets.
«Je ne traverse plus les routes seule à Rivière-du-Loup. Je le faisais auparavant avec un chien-guide et maintenant je suis toujours avec quelqu’un», raconte Marjolaine Lafond de Rivière-du-Loup. Cette dernière a perdu complètement la vue à l’âge 30 ans en raison d’une rétinite pigmentaire. Depuis, elle a appris un nombre de manières afin de s’adapter à sa nouvelle réalité, mais s’orienter seule à travers les automobilistes et la circulation demeure problématique.
«Nous étions trois policiers sur place aujourd’hui. De voir les gens ne pas s’arrêter et constater leur difficulté à traverser le chemin, ça nous a tous fait réfléchir (…) À Rivière-du-Loup, les traverses piétonnières, c’est un problème. La chance qu’on a en étant voyant, c’est qu’on peut se tasser et prévoir que certains ne respecteront pas le Code de la sécurité routière. Les piétons ont aussi une part de responsabilité, certains ne passent pas aux endroits indiqués», souligne Dave Ouellet de la Sûreté du Québec.
Ce dernier affirme que la SQ sera de plus en plus présente à ces intersections. «Il y aura des billets d’infraction de distribués, malheureusement. La Ville en a fait la demande, les citoyens nous en parlent, on va mettre l’accent là-dessus pour les semaines à venir», complète-t-il. Des amendes de 100$ plus les frais peut être distribuées aux contrevenants.
Dans la MRC de Rivière-du-Loup, l’Association des personnes handicapées visuelles du Bas-Saint-Laurent compte une quarantaine de membres. Environ 150 personnes sont rejointes directement par l’organisme sur tout son territoire.
Selon les données traitées par l’Office des personnes handicapées du Québec, le nombre de personnes de 15 ans et plus avec une incapacité touchant leur vision se chiffrait à environ 4 000 personnes au KRTB en 2011. Ces données sont basées sur l’Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement 2010-2011. Depuis 1947, la première semaine de février est reconnue au Canada comme étant la «Semaine de la canne blanche».
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