L’Isle-Verte – Puisque la paroisse de L’Isle-Verte n’a pas 600 000 $ pour restaurer son église, la Fabrique et le diocèse de Rimouski ne voulaient pas que la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Hélène David, lui accorde un statut patrimonial.

Ils n’ont pas été entendus puisque Mme David leur faisait parvenir le 19 novembre en fin d’après-midi une lettre confirmant cette classification. «Je vous fais part de ma décision de classer, en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, l’église de La Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste ainsi que les biens mobiliers que sont le tableau de Pietro Gagliardi, le calice et la patène de Jean-François Landron et de Guillaume III Loir», a indiqué la ministre dans sa lettre.

«Nous nous opposons à cela», a clairement indiqué Michel Lavoie, économe diocésain et responsable de toutes les Fabriques du diocèse de Rimouski. Ce statut vient avec un projet de restauration du bâtiment évalué à trois millions de dollars, financé à 80% par une subvention. «Le milieu doit fournir 600 000 $, cet argent nous ne l’avons pas. Même pas à 90%, le ministère a juste à financer à 100%», a mentionné M. Lavoie, très mécontent.

Même son de cloche de la part du président de la Fabrique de L’Isle-Verte, Daniel Gauthier : «Notre population n’a pas les moyens de restaurer l’église.»  La facture annuelle pour l’entretien et le chauffage de l’église s’élève entre 35 000 $ et 40 000 $. La population de L’Isle-Verte est de 1467 habitants.

«D’ici 5 ans, une église sur 2 sera fermée» - Michel Lavoie

«Un comité a été mis en place en avril 2014 pour trouver des idées pour quoi faire avec le bâtiment. Mais classée, on ne peut plus transformer l’église. On veut que les gens puissent l’utiliser à différentes choses, en faire un milieu vivant», a indiqué M. Gauthier.

«Il ne faut pas classer pour le plaisir de classer», a ajouté l’économe diocésain à propos de la décision de la ministre David. «Je l’ai dit à Mme David, prenez l’église on vous la donne», a-t-il mentionné. «M. D’Amour (ministre Jean D’Amour) comprend notre position», a souligné l’économe diocésain.

FERMETURE D’ÉGLISES

«Nous sommes dans un processus de fusion de paroisses et de fermeture d’églises. Dans notre diocèse en 2014, il y a eu 1 500 000 $ de pertes pour l’ensemble des Fabriques, c’était 1 250 000 $ en 2013 et 2015 ne sera pas meilleure. D’ici 5 ans, une église sur 2 sera fermée dans le diocèse», a estimé Michel Lavoie. Actuellement, il reste 85 églises pour 103 paroisses. Il y a moins de 500 habitants dans 42 paroisses et moins de 250 personnes dans une dizaine. «C’est un phénomène en croissance, on ne peut rien y faire», a-t-il conclu.

ÉGLISE DE LA DÉCOLLATION-DE-SAINT-JEAN-BAPTISTE

Conçu en 1846 par l’architecte Charles Baillargé, le temple de style néogothique se distingue par ses dimensions imposantes et sa grande pureté architecturale. Issue d’une volonté villageoise et financée par de grandes familles de notables, dont les Bertrand, l’église sera achevée par François-Xavier Berlinguet en 1855. Avec ses ouvertures en arc brisé, sa flèche élancée et ses pinacles sur le clocher, l’église de La Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste est l’un des plus anciens exemples d’architecture néogothique de la région.