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Les soeurs Bélanger «fort probablement» tuées par un pesticide

durée 2 mars 2015 | 10h45
  • Rivière-du-Loup - La coroner Dre Renée Roussel a présenté son rapport au sujet des décès des sœurs Audrey et Noémi Bélanger de Pohénégamook, tragédie survenue le 13 juin 2012 dans une chambre de l'hôtel Phi Phi Palms Residence, en Thaïlande. La cause la plus probable est le pesticide « phosphine ».

    « Audrey et Noémi Bélanger ont très probablement été mortellement intoxiquées par une substance qui n'a malheureusement pas pu être identifiée formellement », a noté la Dre Roussel.

    La coroner a expliqué que les nombreux éléments circonstanciels soumis à son attention ainsi qu'à celle des experts du LSJML les portent à croire que l'intoxication serait d'origine environnementale, accidentelle et probablement causée par la phosphine (un pesticide). « La phosphine disparait très rapidement », a précisé la coroner ce qui expliquerait l’absence de trace.

    AUTOPSIES EN THAÏLANDE

    Le 15 juin 2012, sans nouvelles des filles depuis deux jours, des membres du personnel de l'hôtel décident d'ouvrir la porte de leur chambre. Ils aperçoivent Audrey et Noémi chacune dans leur lit, inertes et probablement décédées. Plusieurs traces de vomissement sont notables.

    La police est avisée et des agents arrivent sur les lieux. Des autopsies ont été réalisées à Bangkok le 19 juin, soit quatre jours plus tard, et n'ont révélé aucune trace de violence ou de traumatisme pouvant expliquer le décès. Le médecin légiste thaïlandais a conclu à deux décès par intoxication au DEET.

    Dre Roussel n'est toutefois pas d'accord avec la conclusion du médecin légiste thaïlandais quant à la substance en cause, à savoir le DEET. « La concentration notée dans le rapport de son collègue n'est pas du tout toxique et encore moins mortelle selon la littérature; elle correspond tout juste à ce qu'on trouverait dans le sang d'une personne qui aurait tout simplement appliqué un insectifuge à base de ce produit sur sa peau », a-t-elle expliqué.

    AUTOPSIES AU QUÉBEC

    D'autres autopsies ont été pratiquées le 22 juin 2012 par un pathologiste du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) à Montréal. Elles ont confirmé l'absence de traumatisme pouvant expliquer le décès. Une expertise toxicologique s'est avérée négative pour de très nombreux médicaments et drogues. « Nous sommes fiers de nos filles, ce n’est pas une overdose, c’est quelque chose d’anormal », a commenté Carl Bélanger.

    « L’analyse a également été infructueuse pour plus de 32 métaux inorganiques, plus de 67 produits volatils et plus de 700 autres substances parmi les fongicides, insecticides, herbicides et pesticides, dont la phosphine. Ne furent détectées au final que des traces de DEET et de proguanil, un produit contre le paludisme acheté par les deux jeunes femmes avant leur départ », peut-on lire dans le rapport.

    INTOXICATION

    La docteur Renée Roussel a expliqué que les deux sœurs ont souffert du même problème de santé, fort probablement une intoxication.

    « Selon des toxicologues, peu de substances ont la capacité de tuer rapidement en ne laissant pratiquement aucune trace dans l'environnement ou dans l'organisme. La phosphine fait partie de ce groupe restreint. Peu dispendieuse, très efficace et, semble-t-il, largement disponible en Asie, la phosphine est un pesticide qui tue tout ce qui vit, tout ce qui respire. Officiellement, la phosphine serait interdite pour la fumigation des chambres d'hôtel en Thaïlande, mais dans les faits, il se pourrait qu'on en fasse quand même l'usage », mentionne la coroner.

    Un neuropathologiste a étudié les tissus cérébraux de Mmes Bélanger. Notant des lésions par manque aigu d'oxygène dans le cerveau, il affirme que « des études réalisées en post mortem sur le cerveau d'individus et d'animaux décédés d'une intoxication aiguë à la phosphine montrent de tels changements anoxiques, et aucune pathologie vasculaire, à l'examen neuropathologique du cerveau de la victime, ne permet d'expliquer la survenue de tels changements ». Sans confirmer une exposition à la phosphine, cet avis est tout à fait compatible avec une telle hypothèse.

    RECOMMANDATIONS AUX VOYAGEURS

    Les parents des sœurs Bélanger n’ont pas pris de décision en regard d’une éventuelle poursuite. « Poursuite contre qui, un pays », a mentionné Éléna Bélanger, sœurs des victimes. Mme et M. Bélanger incitent plutôt les voyageurs à la plus grande prudence. Depuis 2009, une vingtaine de touristes occidentaux sont décédés dans des circonstances similaires dans des pays en Asie du Sud-Est.

    La coroner Roussel a également fait des recommandations afin de protéger les voyageurs à destination des pays d'Asie du Sud-Est. Elle recommande au Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs de l'Institut national de santé publique du Québec de se pencher sur l'élaboration de mesures visant la sensibilisation : aux dangers mortels que peuvent constituer certains pesticides pouvant être présents dans les chambres d'hôtel; à la façon de s'en prémunir en décelant rapidement la substance ou en reconnaissant les symptômes d'intoxication; à la façon de réagir s'il y a intoxication.

    Les rapports complets de la coroner sont disponibles sur le site Internet du Bureau du coroner (www.coroner.gouv.qc.ca).

     

     

     

    commentairesCommentaires

    1

    • A
      anonyme
      temps Il y a 9 ans
      Enfin l'enquête est terminé après 2 ans....Je me demande pourquoi cela à été si long, et que dans le reportage diffusé à Radio-canada il nous donnais la cause exacte...( Cela à été diffusé en 2013 ou 2014)..Pourquoi ne pas boycotter cet endroits nous les canadiens? Inacceptable!
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