La mort en direct
Sur cette photo prise par une témoin, Nathalie Tanguay Paquin, l'embrasement est général
Sur cette photo prise la témoin Nathalie Tanguay Paquin, on aperçoit le feu consumer les trois étages vis à vis à la cuisine de la Résidence du Havre
Sur cette photo prise par la témoin Nathalie Tanguay Paquin, l'entrée principale (à gauche) est complètement cachée par la fumée et des flammes sont visibles à la cuisine et à la chambre 208 au-dessus.
Plan du rez-de-chaussée de la Résidence du Havre
Vue aérienne de la Résidence du Havre, du côté nord, où aurait pris naissance l'incendie, selon la quasi totalité des témoins entendus depuis le début de l'enquête publique.
Rivière-du-Loup - Les vidéos tournées lors de l'incendie de la Résidence du Havre et déposées en preuve lors de l'enquête publique glacent le sang. À tel point que la procureure, Me Marie Cossette, a requis et obtenu une ordonnance de non-diffusion de la partie sonore du document lors de sa présentation, par respect pour les proches des victimes présents dans la salle.
Sans mots, des membres de la presse qui ont visionné et entendu les enregistrements les ont qualifiés d'horrifiants. Info Dimanche a choisi de ne pas les diffuser par égards aux proches des victimes sans compter qu'ils ne feraient qu'ajouter à l'horreur d'un événement déjà assez dramatique.
La vitesse inouïe à laquelle s'est propagé un brasier à l'intérieur duquel des gens étaient prisonniers en a marqué plus d'un qui, impuissants, ne pouvaient qu'assister à la scène. Certains ont témoigné en sanglots, encore hantés par des images et des sons qui ne les quittent plus.
DÉLAI INEXPLICABLE
Le commissaire Cyrille Delâge a établi qu'entre l'appel de la copropriétaire Irène Plante à la centrale 911 à 0h32 et la confirmation de la transmission avec succès du message de la tour de communication, il s'est écoulé deux minutes. Personne ne peut expliquer pourquoi. Quelques pompiers, dont le chef Charron, avaient connu des difficultés avec certains téléavertisseurs, qui affichaient de temps à autre «no tone».
UN PRÉPOSÉ TÉMOIGNE
Préposé aux bénéficiaires, André-Jules Lévesque oeuvrait principalement dans la phase 2, avec les gens en perte d'autonomie. C'est le copropriétaire, Roch Bernier, qui l'a averti à 0h23 qu'il y avait le feu à la Résidence du Havre. «J'ai essayé d'entrer par la porte principale, mais c'était barré. Il y en a une qui n'était jamais barrée durant le jour, et ce soir-là elle l'était », a témoigné celui qui n'a jamais pu entrer dans la partie 1.
Puis, il a croisé Irène Plante, la copropriétaire, qui descendait les escaliers de son appartement. «Y'a le feu, c'est épouvantable», disait-elle. «On voyait M. Lapointe dans son appartement, il cognait dans la fenêtre, je me suis dit qu'il fallait le sortir de là». M. Lévesque a tenté d'entrer dans la bâtisse, mais en vain. «Il y avait de la grosse boucane noire et épaisse, ça sentait mauvais.»
Après avoir demandé d'arroser le réservoir de propane, il a vu le portique s'enflammer subitement. «Je voyais du monde, je les entendais, comme au ralenti, en distorsion.» Puis, il a aidé à l'évacuation.
EN DÉSACCORD AVEC LE GARDIEN DE NUIT
M. Lévesque n'est pas d'accord avec la théorie du gardien de nuit, Bruno Bélanger, à savoir que le feu émanait de la chambre 208, celle de Paul-Étienne Michaud et était probablement causé par un article de fumeur. «Il a peut-être éteint le feu au péril de sa vie.»
Il a été avancé que M. Michaud fumait un paquet de cigarettes par semaine et allait souvent le faire dans son véhicule, garé à l'extérieur. «Il était strictement interdit de fumer dans l'établissement. M. Bernier ne l'aurait jamais toléré», ajoute M. Lévesque, avouant au passage que M. Michaud avait déjà eu quelques avertissements.
SUITE DE L’AUDIENCE LE 17 DÉCEMBRE
Les six jours initialement prévus n'auront pas été suffisants pour passer en revue l'ensemble des témoins. Une journée supplémentaire a été fixée au 17 décembre. Au besoin, le lendemain pourra aussi être utilisé. Des experts de la Sûreté du Québec témoigneront, de même que les copropriétaires Roch Bernier et Irène Plante, ainsi que le gardien de nuit, Bruno Bélanger.
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