Yvan Charron témoigne et défend ses décisions
Rivière-du-Loup - C'est une scène très différente de ce à quoi il s'attendait que le chef pompier de L'Isle-Verte, Yvan Charron, a vu à son arrivée sur les lieux de l'incendie de la Résidence du Havre le 23 janvier.
Yvan Charron dit ne jamais avoir reçu sur sa pagette le premier appel lancé à 00h25, codé 52 et annonçant un incendie dans une zone à haut risque. Il a invoqué des problèmes de pagette.
«J'ai reçu l'appel pour le code 69 (alarme générale). J'ai tout de suite appelé la ligne partenaire du 911, j'ai demandé ce qui se passait, on m'a confirmé l'incendie, que les gens n'étaient pas capables d'évacuer».
Le temps de s'habiller, M. Charron a mis un peu plus de 8 minutes à se rendre sur les lieux. «Lors d'un exercice d'évacuation au Havre, tout le monde était dehors en 6 minutes. J'étais donc certain qu'à mon arrivée toutes les personnes seraient déjà sorties et j'étais préoccupé par l'endroit ou elles seraient dirigées», dit-il, précisant avoir parlé en chemin par cellulaire au pompier Simon Lavoie, qui l'a informé que les portes étaient barrées et qu'il était impossible d'entrer.
SUR PLACE : L’ENFER
Malgré cela, il n'a pas cru bon de rappeler le 911 pour demander l'aide générale lors de son déplacement. «J'arrivais sur les lieux.» Sur place à 0h41, il constate que le feu fait rage sur les trois étages de la phase 1 et monte jusqu'au toit.
«Derrière la porte d'entrée, c'était noir, noir, noir. J'ai demandé l'aide des brigades de Saint-Éloi et Saint-Paul-de-la-Croix.» Le camion autopompe était arrivé, Simon Lavoie arrivait avec l'Unité d'urgence et la citerne a suivi.
«Selon le schéma de couverture de risques de la MRC, vous devez avoir 12 pompiers, 3 camions et une capacité d'alimentation en eau suffisante. Vous saviez qu'initialement vous ne disposiez pas de la force de frappe en effectifs. Pourquoi avez-vous attendu avant de demander du renfort?», interroge Me Marie Cossette.
«Lors de l'ensemble des interventions, nous avons toujours appelé après être arrivés sur place. C'était automatique. Je me levais, c'était la nuit, l'esprit n'est pas aussi clair que dans le jour.»
SAUVER DES GENS
À savoir pourquoi il n'a pas établi de poste de commandement en arrivant, le chef Charron a affirmé que sa priorité était de sauver du monde. C'est aussi la raison pour laquelle il n'a pas pris le temps de mettre son appareil respiratoire.
Selon lui, le poste de commandement était secondaire.
«Au contraire», l'a repris le coroner Delage. «C'est la base. Le schéma de couverture de risques, ça ne vous intéresse pas? Vous ne regardez pas ça? Sans poste de commandement, les pompiers font partie du problème et non de la solution», lui a sèchement lancé Me Delage, qui ne l'a pas ménagé.
M. Charron a confirmé que sa brigade disposait des outils pour forcer les portes, mais qu'il n'a pas tenté de forcer la porte principale. «Je sais de toute manière que par expérience, si je l'avais fait, je serais ressorti assez rapidement», dit-il, faisant référence au potentiel retour de flamme («backdraft»).
POMPIERS VOLONTAIRES
Souvent, Yvan Charron référera à son expérience de 30 ans comme pompier pour justifier les décisions prises ce soir-là. «Je connais mes limites», dit-il pour expliquer la raison pour laquelle il n'a pas jugé bon de mettre son appareil respiratoire. «Vous ne saviez pas ce qu'il y avait en dedans», a lancé tout de go Me Delage. «Je savais qu'il n'y avait pas de flammes», a répliqué Yvan Charron. «Ce n'est pas la flamme qui tue», a clos le commissaire.
«Quand vous êtes à l'intérieur, qui prend les décisions?», a demandé l'avocate Cossette. «J'avais donné ordre à mes gars d'arroser. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire. Je savais que mon capitaine était là». Il était selon lui en contrôle de la situation, son intervention était organisée et structurée.
FORMATIONS
Me Cossette a relevé une lettre de la MRC, à savoir que l'École nationale des pompiers recommandait de prodiguer une formation de mise à niveau à ceux qui possédaient des droits acquis en vertu de la fameuse clause « grand-père ».
«Techniquement, vous avez le droit de refuser. Mais les temps ont changé, les méthodes d'intervention, les matériaux. Moi c'est ma responsabilité en tant qu'avocate de suivre des formations, je n'attends pas que le Barreau m'appelle».
«Je me souviens qu'un conseiller m'avait dit que je devrais suivre des cours. J'ai accepté, mais il n'y a eu aucun suivi ensuite», dit celui qui n'a pas suivi de formation d'officier, mais d'autres ponctuelles: déversements d’hydrocarbures, artificier, incendie, accident de véhicules, prévention incendie 1.
«Avec tout ce qui se passe en prévention incendie, avec les matières dangereuses, pensez-vous qu'en 2014, la clause grand-père a lieu d'être?», questionne Me Delage. «Dans certains cas oui, par exemple pour un pompier qui lui reste 5 ans avant sa retraite.»
«Je retourne ma question. Est-ce normal que la municipalité garde quelqu'un qui n'a pas de pas formation? C'est votre responsabilité de faire suivre des cours à votre personnel », a renchéri Me Delage.
«Je suis satisfait des formations de l'ensemble de mes gars. On est tous pompiers volontaires. On a tous des ‘’jobs’’.»
Cette réplique a fait bondir le coroner.
«Monsieur Charron, j'ai passé 45 ans de ma vie à défendre les pompiers. On a tous des ‘’jobs’’, ce n'est pas une raison. Depuis 2000, des lois ont été passées pour encourager la formation. On se comprend-tu bien là-dessus? «Oui», répond le chef Charron.
Le coroner a ajouté que lorsque les pompiers de deux grandes villes se retrouvent ensemble sur un même feu, ils se comprennent, parce que tous ont la même formation.
Le pompier volontaire Jean-Yves Dubé, a été le premier à dire qu'il voyait beaucoup de fumée en bas, au rez-de-chaussée, dans le secteur de la cuisine, et des flammes seulement en haut, entre le plafond du rez-de-chaussée et de l’étage au-dessus, ce qui laisse croire que le feu aurait pris naissance à cet endroit.
19 commentaires
Premièrement, un "pagette" qui ne fonctionne pas, alors que M. Charron savait très bien, quelques mois auparavant, que ce dernier avait des problèmes de réception....Il a décider de ne pas le réparer ou d'en acheter un autre. C'est de SA faute de ne pas avoir trouver une solution simple. Il a joué avec la sécurité de sa population consciemment.
Deuxièmement, ne pas avoir appelé immédiatement les renforts de la Ville de RDL, alors que M. Charron savait pertinemment qu'il s'agissait d'un incendie important avec plusieurs personnes captives lors de l'appel 911. Il dit que c'est dans les pratiques de la municipalité d'aller sur place afin de constater visuellement si les besoins sont véridiques.....BULLSHIT! Il devait croire sur parole les dires de la dame du 911....encore plusieurs minutes de perdues et encore une excuse indéfendable devant une décision qui défi les lois et les protocoles de TOUTES les villes au Québec. Mais M. Charron est au dessus des protocoles apparemment.
Troisièmement, le refus des différentes formations offertes aux pompiers de l'Isle-Verte en dit long sur le caractère et la haute estime de ce chef de pompier. C'est un peu comme si ces formations n'étaient pas assez bonnes pour eux ou encore pire, qu'ils sentaient qu'ils n'avaient plus rien à apprendre. Quelle prétention! On préfères se protéger par une clause "grand-père" stupide pour se sauver les fesses. Bravo!!!
J'espère sincèrement que M. Charron démissionneras rapidement, car devant autant d'erreurs, d'amateurisme et d'improvisation, il n'est pas digne de veiller sur la santé et le bien-être d'une communauté.
En ce qui concerne La Résidence du Havre, ça prend un coupable, le plus vulnérable deviendra la cible.
Voila une des grandes lecons de ce terrible accident.
la mairesse de l'Isle verte doit en prendre acte des maintenant.
La job de pompier volontaire est difficile ingrate et
dangeureuse, raison de plus pour etre adéquatement formé et
avoir un Chef consciencieux qui suit toute les formations
et se tien a jour.
Avant ce drame ce n'était pas si évident
Maintenant c'est TRES ÉVIDENT !!!
Après les faits, c'est facile de commenter, de critiquer et de cibler des responsables. Lorsque l'on se fait réveiller en pleine nuit et que l'on se retrouve en pleine action sur le terrain, c'est plus complexe !
Assis confortablement à la maison, derrière un écran, il y a beaucoup de gérants d'estrade !
Dominic
Un service d'incendie c'est un assurance, pour la vie, pour les pertes on repassera surtout lorsqu'il n'y a pas de réseau d'aqueduc avec des débits qui respect des normes.
C'est drole que la cause réelle de cet incendie ne fait pas partie beaucoup des interrogatoires jusqu'a date et on se tiens loin de cet élément.
Le gardieen était - il couché avec sa compagne lors du début de l'incendie.