Piégés à l'intérieur d'une résidence en flammes
Rivière-du-Loup - « On a besoin d'aide. On ne voit ni ciel ni terre, il y a de la boucane partout. Je ne suis pas capable de sortir. » Cet appel à l'aide a été lancé à la centrale du 911 à 0h29, dans la nuit du 23 janvier, par la copropriétaire de la Résidence du Havre, Irène Plante, prisonnière de son appartement du deuxième étage de la résidence.
C'est suite à cet appel, survenu sept minutes après le déclenchement de l'alarme, que la priorité de l'événement est passé au code 69, qui déclenche l'alarme générale et exige le concours de l'ensemble des pompiers de la caserne 20 de L'Isle-Verte. Le préventionniste de la MRC est aussi prévenu.
SÉQUENCE DES ÉVÉNEMENTS
Le premier appel d'urgence de la centrale du système d'alarme est entré à la CAUREQ à 0h22:41 secondes. La coordonnatrice au service qualité de la CAUREQ, Noémie Simard-Jean, a expliqué que la préposée a mis l'appel en garde durant 31 secondes, parce qu'elle traitait un autre appel qui venait d'entrer pour un incendie à Rimouski.
Cette dernière était la seule à être affectée aux appels des partenaires incendie ce soir-là. Du chapelet de questions posées, Mme Simard-Jean a affirmé qu'elles sont obligatoires pour les appels partenaires et visent à confirmer le sinistre.
Les appels 911 qui sont faits de la part de particuliers qui sont sur les lieux, permettent d'agir plus rapidement, parce diverses informations apparaissent déjà sur l'écran du service, comme l'adresse. Du reste, le processus d'entraide automatique qui garantit la présence de toutes les brigades à proximité du lieu de l'alarme, n'a été mis en vigueur que le 4 février.
PORTES BARRÉES
Irène Plante rappelle le 911 à 0h37. «Est-ce qu'on a de l'aide pour L'Isle-Verte? Les portes sont barrées de l'intérieur, on n'a pas la clé pour entrer par en avant parce que c'est barré de l'intérieur. Dites aux pompiers qu'il faut qu'ils passent par mon appartement. » La préposée confirme que les pompiers, policiers et ambulanciers sont appelés.
Le camion autopompe de L'Isle-Verte arrive sur les lieux à 0h40. Moins d'une minute plus tard, le chef pompier Yvan Charron demande l'aide des brigades de Saint-Éloi et Saint-Paul-de-la-Croix. « Les portes sont barrées, ça n’ouvre pas. Est-ce que les ambulances sont appelées », s'informe-t-il au 911.
Moment émouvant lorsqu'on a fait entendre l'enregistrement de l'appel qu'un résidant, Rosaire Lapointe a placé au 911 à 00h43.
-Je suis au deuxième étage.
-Pouvez-vous évacuer ?
-Trop de boucane.
-Mettez une serviette mouillée sous la porte pour empêcher la fumée d'entrer.
-Faites-le pendant que vous me parlez, c'est important.
La ligne coupe brusquement. « Le feu a fait brûler le fil », conclut Mme Simard-Jean.
Le commissaire Delage a conclu que les pompiers de L'Isle-Verte sont arrivés sur les lieux 16 minutes après le déclenchement de l'alarme, 38 minutes pour la brigade de Saint-Éloi et 1 h pour St-Arsène.
ÉVACUATION
La norme de l'Agence de santé et des services sociaux (ASSS) requiert la présence d'un seul employé pour assurer l'évacuation d'une résidence comme celle de L'Isle-Verte. « C'est la responsabilité de l'exploitant de s'assurer que ça répond aux besoins en cas d'évacuation », dit Hélène Villeneuve de l'ASSS du Bas-Saint-Laurent, ajoutant que la Résidence du Havre était conforme aux normes.
PERSONNES AUTONOMES
Lise Veilleux de la Régie du bâtiment est revenue pour expliquer que l'endroit était de classe "C", donc reconnu comme abritant des personnes autonomes. Pourtant, il avait été démontré que 34 des 52 personnes hébergées étaient jugées semi-autonomes.
De même, un rapport datant de décembre 2011 stipule que 14 résidants étaient codifiés vert (autonomes), 16 jaunes (semi-autonomes) et 23 rouges (non autonomes).
De la porte centrale munie d'un dispositif aimanté qui la gardait fermée de l'intérieur pour empêcher les personnes souffrant l'errance ou d'autres maladies cognitives de quitter l'établissement, Mme Veilleux a précisé que c'était illégal selon les règles de la Régie du bâtiment. « Il est possible d'avoir des dispositifs pour empêcher les gens d'entrer, mais on ne doit jamais empêcher les gens à l'intérieur de sortir ».
4 commentaires
Tient donc, on accuse les pompiers, la municipalité, le 911, etc., mais me semble que les portes débarrés auraient changé bien des choses....
DAN va porter ton nom au CAUREQ si tu veux tout changer...